assurance-vie

Assurance-vie: blocage en vue ?

En 2021, 89% des ménages possèdent un patrimoine financier. Et 41% possèdent une assurance-vie (Source).

Statistiques 2021 INSEE

 

Dans l’assurance-vie, la proportion de fonds euros a toujours été un sujet pour les assureurs. Depuis plus de 10 ans, sa rémunération annuelle diminue drastiquement chaque année. Quoi de plus normal puisqu’un fonds euros se compose majoritairement d’obligations d’Etats.

Avec la hausse des taux d’intérêt, les rendements remonteront probablement d’ici une dizaine d’années (peut-être moins mais restons prudents). Néanmoins, dans l’intervalle, les obligations à faible rendement déjà détenues par les assureurs subissent une baisse mécanique de leur valeur.

Pour les épargnants qui souhaitent sortir maintenant, il n’y a aucun sujet. Néanmoins, une sortie massive des investisseurs du fait de l’inflation et de l’augmentation des taux peut-elle entraîner un blocage de votre épargne ?

 

L’assurance-vie et le spectre de la loi Sapin 2

 

Cette loi a été instaurée en 2016 par le Ministre de l’Economie et des Finances Michel Sapin.

Elle donne la possibilité au Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) de « suspendre, retarder ou limiter temporairement pour tout ou partie du portefeuille, le paiement des valeurs de rachat, la faculté d’arbitrage ou le versement d’avance « .

La durée prévue est de 3 mois avec possibilité de prolonger pendant la même durée.  L’objectif consiste à « prévenir des risques représentant une menace grave et caractérisée pour la situation financière de l’ensemble ou d’un sous-ensemble significatif de ces personnes ou pour la stabilité du système financier« .

Maintenant, ramenons cette loi à la situation actuelle:

  • Le fonds euros va rapporter à nouveau entre 0,5 et 1,5% en moyenne. Avec une inflation à plus de 5%.
  • Le livret A passe à 2% en août. Donc un rendement supérieur et sans process administratif (aucun retrait, versement, frais , etc.).
  • La bourse reste volatile et les marchés encore hauts compte tenu de la conjoncture.
  • Le coût des énergies, l’inflation, la guerre en Ukraine, créent des incertitudes sur les marchés de tout genre: financiers et immobiliers.
  • Les emprunts deviennent de plus en plus difficiles et l’apport requis pour acheter augmente.

Concrètement, pour un investisseur prudent jusque là investi en fonds euros: quel intérêt de rester sur son assurance-vie ?

Mais si tous les investisseurs défensifs se mettent au retrait progressif, les assureurs ne sont-ils pas amenés à voir des retraits massifs ? Ainsi, l’hypothèse de la loi Sapin 2, improbable en 2016, devient un argument plausible pour sortir des fonds euros.

 

Et à défaut de sortie, quelle alternative pour l’investisseur ?

Si l’investisseur décide malgré tout de rester dans son assurance-vie, que peut-il faire face à la course inflationniste et la hausse des taux ?

Son fonds euros perd de l’argent, la collecte en SCPI devient indécente sans limite réelle et les unités de compte en action vacillent.

Pour un investisseur défensif voir équilibré, la seule alternative viable va être … le temps. Il va falloir retravailler son allocation d’actifs au global, créer une stratégie et patienter:

  • Soit en restant investi, mais vous subirez de la volatilité;
  • Soit en restant en cash, mais vous subirez l’inflation.

De la même manière, si les contrats restaient majoritairement composés de fonds euros/UC/SCPI, il va falloir innover en ajoutant:

  • Des thématiques long terme: énergie, inflation, pays émergents, etc.;
  • Des produits structurés sur quelques proportions: attention à la qualité et la compréhension du produit…
  • Du non-coté: même chose que les produits structurés en rajoutant l’illiquidité en plus;
  • Des produits immobiliers diversifiés et moins chargés en frais (SCI à 0%, etc.).

Dans tous les cas, la gestion de votre assurance-vie en 2022 ne peut plus être celle de 2002.